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Ruines à rebours

par Emmanuel Hocquard

Couverture d’ouvrage : Ruines à rebours
Fiche technique :Prix : 11,00 € EUR
ISBN : 978-2-914688-96-3
Taille : 14,00 x 18,00 cm
Pages : 56

Essai d’histoire et d’architecture à Tanger
Avec le soutien du Centre National du Livre

Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, Tanger retrouve son statut international, perdu sous l’occupation par l’Espagne franquiste, et connaît, dans la décennie qui suit, une prospérité et un art de vivre sans précédent. Durant cette courte période, son cosmopolitisme très particulier – un des charmes de la cité – atteint son apogée. Après son rattachement au Maroc, en 1956, la ville se recroqueville lentement sur elle-même jusqu’à la première guerre du Golfe. Les capitaux en fuite se remettent alors à affluer et, grâce aux spéculateurs et aux promoteurs, la ville et ses alentours commencent à se hérisser de constructions démesurées, vides et clinquantes, qui ruinent peu à peu ce site exceptionnel. Chaque jour qui passe, les traces du Tanger international s’effacent irrémédiablement, et "cette ville qui était entourée de cimetières depuis toujours, dit Juanita, est devenue elle-même un cimetière." (Angel Vazquez)

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Extrait :

La notion de ruine concernera des objets architecturaux. Et plus précisément des édifices généralement creux, autrement dit les constructions qui, à l’origine, habitées ou non, mettaient en relation un dedans et un dehors. Ce qui fait ruine, c’est moins l’état de délabrement, de dégradation ou de destruction d’un bâtiment que la tombée de ce qui, auparavant, servait à séparer ou à faire communiquer, sur une infinité de modes, des dedans et des dehors. Ruine désigne cette tombée. “ Tomber en ruine ” est un pléonasme. Ruine atteste proprement l’annulation des différenciations entre intérieur et extérieur.

Critiques :Anne Malaprade dans POEZIBAO a écrit:

La circulation des mots procure un bonheur intense à celui qui les emploie : j’écoute la chaîne des mots dans laquelle je plonge avec délice, prise dans un courant qui me relie et me contient tout à la fois : « […] et je pense que se tenir comme ça très calme entre ça et ça est le bonheur ». Ce flux, ce courant, ce mouvement incessant, Emmanuel Hocquard l’identifie à une ville, Tanger, dont il dresse un diptyque temporel en confrontant sa mémoire à un processus rigidifiant toute chronologie. Qu’est-ce que ces Ruines à rebours nous disent du monde tel qu’il va, de l’architecture telle qu’elle crispe le mouvement, et de la vie telle qu’elle pourrait, peut-être, être œuvre d’art ? Dans les années cinquante, cette cité au statut international vivait à toute allure, à tous vents, traversée par des influences multiples qui en firent une véritable île au trésor. Par la suite, rattachée au Maroc, la ville s’est figée : les mouvements et les échanges se sont taris, le dehors a cessé de fluidifier le dedans, et les forces centrifuges qui s’y exprimaient ont décliné.

Anne-Françoise Kavauvea a écrit:

Lorsque le temps fige les lieux dans un ailleurs peuplé de souvenirs qui en deviennent la fonction, la ville s'ouvre à tous les vents. Carrefour politique, géographique, temporel, Tanger se dégrade, mais étrangement, ce mouvement est devenu imperceptible ; le seuil entre le vivant et la mort semble aboli. De cette déshérence (qui sont ceux qui en ont construit l'identité ? A qui a-t-elle été transmise ?) naît une beauté fragile mais immuable comme celle d'un délicat insecte piégé dans l'ambre translucide que la lumière irise.
Quel texte !


À propos de l’auteur

Emmanuel Hocquard est né à Cannes en 1940, décédé à Mérilheu en 2019. Poète, traducteur et éditeur, il a fondé et co-dirigé, avec Raquel Levy, les éditions Orange Export Ltd. (1973-1986) et a dirigé le département de Littérature contemporaine à l’A.R.C. (musée d’Art Moderne de la ville de Paris) de 1977 à 1991. Il a rencontré le peintre Alexandre Delay à la Villa Médicis (1987) avec lequel il a fait plusieurs livres. En 1989, il fonde Un bureau sur l’Atlantique, association destinée à favoriser une meilleure connaissance, en France, de la poésie américaine contemporaine, qu’il a co-dirigé avec Juliette Valéry.

Bibliographie

- Le cours de Pise, P.O.L, 2018 - Muriel film, cipM, 2017 - Ce qui n'advient pas, post-scriptum (Une grammaire de Tanger V), coll. "Le Refuge en Méditerrannée", cipM, 2016 - Avant, épilogue (Une grammaire de Tanger IV), coll. "Le Refuge en Méditerrannée", cipM, 2012 - Les coquelicots (Une grammaire de Tanger III), coll. "Le Refuge en Méditerrannée", cipM, 2011 - Ruines à rebours, L'Attente, 2010 - Méditations photographiques sur l'idée simple de nudité, P.O.L, 2009 - Les babouches vertes (Une grammaire de Tanger II), institut français Tanger Tétouan / cipM, 2009 - Une grammaire de Tanger, institut français Tanger Tétouan / cipM, 2008 - Conditions de lumière, P.O.L, 2007 - Terrasse à la Kasbah, cipM, 2006 - Tanger / Marseille, Un échange de poésie contemporaine, coll. "Import/Export", cipM, 2004 - Silva, contrat maint, 2003 - L’Invention du verre, P.O.L, 2003 - L'Invention du verre, coll. "Week-End", L'Attente, 2001 - Ma Haie - Un privé à Tanger 2, P.O.L, 2001 - Le Consul d’Islande, P.O.L, 2000 - Un test de solitude, P.O.L, 1998 - Cette histoire est la mienne, Petit dictionnaire autobiographique de l’élégie, Notes, 1997 - Le Voyage à Reykjavik, avec Alexandre Delay, P.O.L, 1997 - Les Oranges de Saint-Michel, avec Juliette Valéry, Stèles, 1996 - L’Année du goujon, avec Juliette Valéry, À Passages / Le Coupable, 1996 - Allô, Freddy ?, avec Juliette Valéry, cipM / Spectres Familiers, 1996 - Codicille, Librairies Atlantiques, 1995 - Theory of tables, trad. Michael Palmer, O-Blek éditions, 1994 - Le Commanditaire, avec Juliette Valéry, P.O.L, 1993 - Théorie des tables, P.O.L, 1992 - Hier, avec Alexandre Delay, musée de l’Élysée, Lausanne, 1991 - Les Élégies, P.O.L, 1990 - Le Cap de Bonne-Espérance, P.O.L, 1989 - Deux étages avec terrasse et vue sur le détroit, Royaumont, 1989 - La Bibliothèque de Trieste, Royaumont, 1988 - Un privé à Tanger, P.O.L, 1987 - Le Modèle et son peintre, avec Alexandre Delay, Villa Médicis, 1987 - Des nuages et des brouillards, Spectres Familiers, 1985 - Aerea dans les forêts de Manhattan, P.O.L, 1985 - Une ville ou une petite île, Hachette / P.O.L, 1981 - Une journée dans le détroit, Hachette / P.O.L, 1980 - Les dernières nouvelles de l’expédition sont datées du 15 février 17 . ., Hachette / P.O.L, 1979 - Album d’images de la villa Harris, Hachette / P.O.L, 1978 Anthologies - Tout le monde se ressemble, une anthologie de poésie contemporaine, P.O.L, 1995. - 49 + 1 nouveaux poètes américains (avec Claude Royet-Journoud), Un bureau sur l’Atlantique / Royaumont, 1991. - 21 + 1 poètes américains d’aujourd’hui (avec Claude Royet-Journoud), Delta, 1986. - Orange Export Ltd. 1969-1986 (avec Raquel Levy), coll "Poésie", Flammarion, 1986, 2020. - Monostiches / one-line poems (avec Claude Royet-Journoud), Notes, 1986.