par
(en co-édition avec Contre-Pied)
Pierre Parlant propose ici une prose vive, qui, d'un trait, prends le temps - son temps - du voyage. Celui, en train, qui emmène l'auteur des Arcs-sur-Argens à Paris Gare de Lyon, le vendredi 6 avril 2001, alors que le mouvement des cheminots se durcit. Le temps de s'adresser aussi, en quelque sorte de nous adresser une possibilité de lettre, une façon de carnet qui sous nos yeux prend sa dimension de livre.
Il y va du billet de ce vendredi.
J’y viens, mais tout reste encore sous condition lorsque, fort du suivi des feuilles vides au ciel, m’apparaît l'évidence. Distinguer le sentiment de vivre de son mode est une pure sottise.
Maintenant j’y suis, autrement dit l'intrigue prend le pas, c'est imminent et elle gouvernera aussi longtemps qu'il faut.
C’est bientôt l’heure. Les nouvelles du mouvement, je ne les connais pas. On ne parle que de ça, on ne fait que ça. Sont-elles rassurantes? Comment en parle-t-on? Je ne sais pas. Pour qui? Je ne sais pas, je me doute. Qui parle à la place de qui? Vieille histoire. Vous verrez bien, ai-je entendu par l’hygiaphone, une voix excédée, allez-y vers treize heures cinquante-cinq, plus tranquille, pour rectifier probablement, pour ne pas rompre trop brutalement l'amorce d'un échange encore nécessaire.
Finalement une annonce quasi inaudible se perd sous les auvents, on comprend, l'instant dâ€
™après le museau de l’engin gris double le quai. Phares bridés, fuseau d'une machine à l'élégance post-. Mesdames, messieurs, le train arrive, éloignez-vous de la bordure du quai.
REGROUPERC’est un texte au rythme rapide, avec des ralentissements, des arrêts, qui prend le temps du (d’un) voyage qui se déroule. De l’écriture en train. C’est un défilement de choses vues – tags, affiches, panneaux, enseignes de supermarchés, paysages – entrevues, captées, pensées. Avec le désordre, la vitesse, le brouillage de la prise de note (…). Parfois le regard se pose ou la pensée diverge, le voyageur-auteur digresse. Après une respiration – 2 minutes d’arrêt! – le texte souffle et repart, avance, avance. Ce voyage, c’est un long cours, celui du temps. Prenez le temps d’aller vite est un livre à lire d’une traite au cours de votre prochain voyage en train.