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Brève étude anthropologique
« Élisabeth Jacquet s’attaque à un morceau de choix et de week-end, la lecture du supplément télévision. Elle passe au fil d’une écriture blanche et volontairement idiote tous les problèmes métaphysiques qui en découlent, à savoir : comment ne pas fucker les enregistrements qui commencent après minuit (« on est déjà le lendemain de la date du film inscrite sur le programme ») ou bien : quand regarder la cassette enregistrée ? Il y a aussi les « très grands films » qui endorment radicalement ou à la place desquels on choisit de mater un téléfilm. Le programme de la semaine dernière qu’on confond avec celui de cette semaine. Que de tracas. Heureusement, cet opuscule, qui fait rire et le ménage dans le cerveau, remplacera agréablement environ trente minutes de zapping morose. »
(Éric Loret, Libération du 16 juin 2006)
Je regarde toujours le programme de télévision.
J’achète le journal du week-end à cause du supplément télévision.
C’est le supplément télévision que je lis en premier.
Lire le supplément télévision me procure une délicieuse sensation de bien-être, surtout si je suis installée sur mon canapé dans un rayon de soleil.
L’avenir s’annonce prometteur.
Pourtant pour rien au monde je n’achèterais un magazine de télévision.
Je regarde d’abord les films de la semaine.
Parfois c’est une chance, il y a chaque jour un film que j’ai envie de voir.
D’autres fois c’est décevant, il n’y en a qu’un ou deux ou aucun.
Ou bien il y a un film extraordinaire mais à 22 heures 50 ou 0 heure 10.
LIRE PLUSDans ces cas-là je ne me décourage pas: j’enregistrerai le film en programmant mon magnétoscope sur auto et en faisant surtout bien attention à la date qui ne sera pas la même selon l’heure, je me suis déjà fait piéger: à 0 heure 10 on est déjà le lendemain de la date du film inscrite sur le programme.
Enregistrer un film est une consolation: dans l’impossibilité d’en profiter dans l’immédiat puisque la nuit je dors, c’est seulement partie remise.
Satisfaite d’économiser ma santé, j’apprécie de m’endormir avec cette sensation de liberté: je regarderai mon film lorsque j’en aurai envie.
REGROUPERCourageuse et très amusante démarche d’Élisabeth Jacquet qui nous conte le bien-être que lui procure la lecture du supplément télévision, sa quête du film à voir, l’incidence de la télévision sur son humeur et comment elle impose un rythme à sa vie privée. Délirante Élisabeth Jacquet qui se heurte aux codes horaires, aux contraintes de l’enregistrement. On rit. On se reconnaît dans les hésitations, les endormissements.