par
- La route est partout
- Il faut toujours garder en tête une formule magique
- Quand j'étais petite
- Toute Résurrection commence par les pieds
- Acrobaties dessinées
- Qu'un bref regard sous le calme des cieux
- DQ/HK
- Elles en chambre
- Sanza lettere
- Mémoires des failles
- Laissez-passer
- Décor Daguerre
- Colloque des télépathes
- Paysage zéro
- Nous ne sommes pas des héros
- Le pas-comme-si des choses
- La revanche des personnes secondaires
- Des espèces de dissolution
- Monde de seconde main
- Cinéma de l'affect
- J'ai conjugué ce verbe pour marcher sur ton cœur
- Centre épique
- La geste permanente de Gentil-Cœur
- Payvagues
- Discographie
- 365+1
Road-poème
Avec le soutien du Centre National du Livre
Cette séquence de quatre-vingt sections consigne le flux de conscience d’une automobiliste filant sur les routes de Nouvelle-Angleterre. Le plan de la réalité extérieure (habitacle, chaussée, paysage) et de la réalité intérieure se télescopent et se chevauchent continuellement faisant du poème une bande de Möbius, un miroir biface promené simultanément le long de la route et de la langue. Les objets se brouillent, leurs contours bavent. La vitesse rend manifeste les limites de nos capacités de perception, l’incapacité de notre vue à saisir les objets. Éparpillement des détails, dissolution du cadre, medium opaque, objet fuyant et sujet instable caractérisent l’anti-paysage qui défile. Plus que tout, nous voyons les panneaux de signalisation qui rompent la continuité de l’écrit et obligent le lecteur à changer de code, du textuel au visuel, et à les articuler comme il peut, tâtonnant pour énoncer leurs instructions et les raccorder au texte. (Abigail Lang)
Ce livre est magnifiquement traduit de l'américain et postfacé par Abigail Lang. Intitulé "The road is everywhere - or stop this body", ce fut le deuxième livre de Rosmarie Waldrop, publié aux États-Unis en 1978.
Traducteurs :
Thématiques :
une question de
non
une simple cigarette effiloche
des analogies tirées
d’un départ trop fréquent
ne laisse qu’une cendre
de mémoire que démangent les mots
dans ma bouche ne naîtront pas à
la transparence désormais close
devant moi
s’accélère
en une illusion solide
alors je tente de changer
de vitesse ou au moins
de parler
la route refait surface
malgré la cigarette
lèche mes lèvres
deux klaxons
et un champ couvert de
fleurs sauvages se retirent
(un signe ?) je n’aime
pas les voitures en troupeaux se meuvent
dans nos cavernes
et la vie que je pensais mienne passe
d’un millimètre
la pointe extrême de
mes attentes
À la manière de Denise Levertov (anglaise qui est devenue américaine), Rosmarie Waldrop conjugue les influences des poésies allemande et française (Jabès notamment) à celles de l’héritage américain, où la plus prégnante est sans doute celle de George Oppen (…).
Comme l’inventeur de l’objectivisme (poétique), son poème rompt violemment avec l’image analogique des legs poétiques passés, creuse l’espace vierge de la page d’écriture à force de disjonctions, de fragmentations, de ruptures syntaxiques. Son ontologie est historique, le sujet de son histoire est tout dans son écriture. Le prodige de l’invention poétique étant que le monde soit toujours convié à la saisie du temps vécu par le sujet (…)