par
- Contes liquides
- Expériences à l'étang
- Individu premier
- La revanche de la pelouse
- Expansion sans profondeur
- Conversation avec les plis
- Loin
- Là-bas
- Une limonade pour Kafka
- Le parfum du jour est fraise
- Mer et brouillard
- Au centuple
- Nuit
- Va te faire foutre – aloha – je t'aime
- Surgir
- En voie d'abstraction
- Déplacer le silence
- Nous abstraire
Prose philosophique
"Mais voilà que le zéro est arrivé, répandant ses méfaits à travers toute l’Europe chrétienne." Réunissant intimement esprit critique et travail de poésie, Rosmarie Waldrop embarque ici dans l’histoire humaine (grandes découvertes, guerre d’Irak, musique, peinture, finances, croyances, philosophie) pour observer les progrès de notre pouvoir d’abstraction qui, malgré tous les ponts qu’il édifie sur le vide, ne le résoudra jamais.
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(p. 29) :
MATÉRIAUX
J’ai une vieille aversion pour la pierre, les associations culinaires avec l’argile, et une horreur du plastique. Creux et bosses. L’imprécision des contours soulève des doutes que le marbre a résolus mais j’ai toujours eu envie de faire un croc en jambe aux statues. Entourées qu’elles sont de voyeurs, elles raidissent leur absence de colonne vertébrale pour refuser à la fois la théorie précise et la vérification approximative. Comme des vierges. Ai-je besoin du mutisme de la matière pour m’inquiéter de sa réalité ? La nuit tombe vite, comme une perte d’équilibre, comme la mort vient au soldat, avec du change en poche. Et puis il y a ces phrases que je saisis pour les tordre. Elles s’écroulent bruyamment devant le mot identitaire, soulevant un vent vide entre les fragments.
Adrien Meignan dans ADDICT-CULTURE a écrit:En voie d’abstraction est un des plus beaux écrits de Rosmarie Waldrop, même si lisant ou relisant, dans la foulée, La route est partout, La revanche de la pelouse (déjà cités) ou La reproduction des profils (traduit par Jacques Roubaud, Melville, 2004), on n’a guère envie de hiérarchiser la douzaine d’opus (du moins en traduction française) qui composent cette œuvre où poèmes et proses les plus anciens tiennent encore et toujours la route. Et comme il est justement écrit sur la quatrième de couverture, il s’agit d’un embarquement “dans l’histoire humaine (grandes découvertes, guerre d’Irak, musique, peinture, finances, croyances, philosophie) pour observer les progrès de notre pouvoir d’abstraction qui, malgré tous les ponts qu’il édifie sur le vide, ne le résoudra jamais.”
Guillaume Richez dans Les imposteurs a écrit:Notre lecture se fait par sursaut de compréhension, et nous jouissons d’en déduire le sens. Rosmarie Waldrop s’empare de notions qui pourraient paraître complexes, mais qui nous sont pourtant très familières.
Et pour observer au plus près comment fonctionne le langage, la lectrice et le lecteur sont conviés à sa dissection (« je taille mon crayon en pointe fine. Mon supercouteau à disséquer le monde. » p. 108) qui révèle l’infiniment petit, – « le phonème, valeur abstraite comme celle du zéro, qui rend possible l’existence du langage » (Ibid.). Le phonème, plus petite unité distinctive du langage.