& CD "Beauty Sitcom" (audiopoèmes)
par
- La route est partout
- Il faut toujours garder en tête une formule magique
- Quand j'étais petite
- Toute Résurrection commence par les pieds
- Acrobaties dessinées
- Qu'un bref regard sous le calme des cieux
- DQ/HK
- Elles en chambre
- Sanza lettere
- Mémoires des failles
- Laissez-passer
- Décor Daguerre
- Colloque des télépathes
- Paysage zéro
- Nous ne sommes pas des héros
- Le pas-comme-si des choses
- La revanche des personnes secondaires
- Des espèces de dissolution
- Monde de seconde main
- Cinéma de l'affect
- J'ai conjugué ce verbe pour marcher sur ton cœur
- Centre épique
- La geste permanente de Gentil-Cœur
- Payvagues
- Discographie
- 365+1
Portrait malléable d'un récit
(Livre + CD audio)
Avec le soutien du Centre National du Livre
Une place singulière est faite au monde de l’imaginaire et du féérique à travers l’écran où s’entremêlent poésie, prose, fiction et enquête. Sandra Moussempès nomme ce qui échappe au genre, esquisse le portrait malléable d’un récit en mutation continue dans l’élasticité brumeuse du temps qui passe.
Avec l'album CD Beauty Sitcom, dans une ambiance postpunk liquide elle révèle d’une voix idyllique les abysses bleutés d’une pièce de vers performative.
Etudes d'interception
Extrait de l'album Beauty Sitcom inclus dans le livre
(p. 33-34)
LIRE PLUSLorsque je me questionne je pense à penser à ma place je pense avec mes lèvres je souris mais je réfléchis sans penser en fait la pensée parle à ma place le son de mes lèvres n'existe pas si ce n'est dans la fiction sonore je voudrais vous parler je voudrais tout dire mais tout dire entraîne une réalité qui n'est plus ma façon de dire et d'être et si un film obscurcit mon champ de vision je pense alors qu'il s'agit d'un remake je pense aussi aux sous-titres aux langues lues entendues apprises je pense en pensée disent-ils pour ouvrir leurs lèvres ils clignent des yeux ma bouche est ouverte à présent je présélectionne une pensée je pense à votre place je me divise en pensée dans mes rêves la pensée s'inscrit tout au long des visages les couleurs ont une pensée propre qui remplit chaque plan en mode plein écran on voit les lèvres des acteurs on voit qu'ils ne pensent pas les acteurs ne pensent pas puisque leur vie est une contrainte momentanée une photographie de miroir sans tain les acteurs jouent à l'écran tandis qu'hors champ l'acteur pense au rôle il est donc hors du rôle et je me désigne parfois comme actrice de ma pensée pensée, pensée parlée, pensée pensée à l'instant puis décrite tant bien que mal, je me désigne alors que ceux qui pensent recevoir mes confidences n'ont rien entendu ne m'ont pas vue, ceux-là ont des idées mais pas de pensée propre, ce pourquoi la pliure des commissures entraîne une réponse affirmative
REGROUPERFrançois Crosnier dans libr-critique a écrit:“Entre séquences mémorielles et séquences défilantes s'enchaînent scènes fixes, tableaux, plans arrêtés sur une image ou vues sur l'oasis de l'intimité. Audacieux, symptomatique, donc, le dernier livre de Sandra Moussempès, quelque chose comme le fruit d'une ciné-écriture doublée d'une bande son, d'un espace sonore où migrent les sensations d'un plan de réalité à l'autre (…).”
"(…) Une poésie qui tend à conjurer le conditionnement de notre imaginaire, montre l'envers des codes et n'ignore rien du principe d'avidité qui est à l'oeuvre sous les simulacres. Un livre ou cohabitent lucidité et ironie, mais où se réinventent aussi de subtiles raisons de vivre qui sont comme autant d'îles ou de jardins apparaissant comme en "arrière-plan d'une phrase lumineuse".
Philippe Rhamy Wolf dans remue.net a écrit:“Ce qui fonde, me semble-t-il, le projet de Sandra Moussempès dans ce nouveau livre succédant à Photogénie des ombres peintes (Flammarion, 2010), c’est en premier lieu le désir et la crainte d’affronter la prose, dont il est dit ironiquement qu’elle « demande du repos et peu d’invention » et qui, en un certain sens, est associée au déplaisir. Certes, dans le dispositif du texte, son usage est restreint à une douzaine de pages, mais celles-ci constituent véritablement la matrice du projet dont l’autre versant relève du genre ancien des Vies parallèles. Annoncé dès le prologue, il s’énonce ainsi : « 2 vies d’un coup, celle du mort et de la fille vivante » (...)”
Anne Malaprade dans Sitaudis a écrit:(Extrait) "Le charme qui a captivé mon année opère à nouveau. Un instant, avec une netteté inégalée, il unifie l’espace. Les choses s’éclairent en présence des livres, et les livres, comme un feu de forêt se propageant d’un arbre à l’autre, s’accordent enfin aux « Acrobaties dessinées » de Sandra Moussempès (...). Tout dire. Briser la coque durcie des individus. Accéder à la transparence qui relègue celle qui écrit, elle et son opacité, dans la coulisse, ou dans la salle, ou derrière l’écran d’une salle de projection, voire d’un film, ou d’un clip, cet enchaînement d’images brillantes et saccadées, d’images sonores, de visions textuelles, étant donné comme dispositif de la littérature..."
Claude Chambard dans Cahier Critique de Poésie a écrit:“L’acrobate est celui qui danse dans et sur les cordes. Cordes extérieures, cordes objectivées, visibles ou invisibles, plus ou moins tordues, plus ou moins tendues. Cordes intérieures, surtout : ce lieu et ce lien intime par lesquels la voix poétique fait entendre sa matière-émotion (...)”
Emmanuèle Jawad dans Libr-Critique a écrit:"Sandra Moussempès qui jamais ne s'installe dans le confort s'échappe de livre en livre dans son univers de plus en plus creusé, de plus en plus fascinant et dans ce nouvel opus on lit dès l'entrée ce vers tout sauf sibyllin : "2 vies d'un coup celle du mort et de la fille vivante" (...) et à l'aune des histoires de famille, princesse -Little princess diary-, starlette-"actrice de ma pensée pensée", "Cendrillon bionique", pin-up vintage : "ne prenez pas le passé pour argent comptant", de poésie tendue en prose acérée "[ceci est un poème]", S.M nous donne à lire et à entendre "une réalité plus envoûtante qu'un film de David Lynch.”
Carla Demière dans HEAD Genève a écrit:"Dans la performance, la voix live de Sandra Moussempès s'inscrit dans le tissu des voix enregistrées et de l'électro-acoustique. Le traitement des sons, dans leur agencement et montage, combine voix récitantes (parlées), voix chantées (mélodies) et sons électro-acoustiques, provoquant des images mentales qui pourraient être cinématographiques. (...) les voix de Sandra Moussempès se mêlent le plus souvent (chants empreints de sensualité, récits, bruitages vocaux, sons) formant agencement et montage, combine voix récitantes (parlées), formant les différentes couches sonores d'une bande-son dans laquelle l'écho et la répétition participent à l'étrangeté concourant à l'envoûtement progressif de l'auditeur."
HUGUES dans Blog librairie Charybde a écrit:Sandra Moussempès est poète. Son travail circule en livres, sur disques et sur scène. Avec des textes expérimentaux, des audio-poèmes et des performances. Au centre de cette œuvre (disons) « multipiste » une conscience de la voix – Sandra Moussempès est aussi chanteuse – qui en a fait progressivement une condition irréductible de son écriture. Ses deux pratiques parallèles (chant et écriture) n’ont été réunies que récemment, en 2011, autour du projet de performance Beauty Sitcom.
Sandra Moussempès dévoile non seulement l’une des composantes imaginaires fondamentales qui hante la musique de l’indie rock depuis la fin des années 80, mais aussi la mosaïque de hasards et de nécessités qui compose une histoire donnée à la place d’autres histoires possibles. Et elle le pratique au moyen d’une poésie étonnante qui sait caresser aussi bien que cravacher, en une joie paradoxalement silencieuse de mots et de formules explosives.